La présence du cheval est attestée dès 3000 avant JC dans les régions de Mésopotamie et du Golfe persique. Il est employé à la culture puis plus tard pour la parade et la guerre. Partout, sauf chez les Scythes, l'usage du cheval attelé précède le cheval monté et celui du char précède la cavalerie. Il semble que les Assyriens excellaient dans l'emploi et le soin des animaux.
Égypte (1700 avant JC)
Les Hyksos ont envahi l'Égypte vers 1700 avant JC et y ont introduit un cheval grand au profil busqué, maigre et sec d'encolure et de croupe ayant la queue fournie. Avant cette invasion le cheval était juste domestiqué voir pourchassé. Chez les pharaons le cheval a eu une place de choix dans les cérémonies religieuses, les triomphes, les chasses et les combats. Dans son emploi guerrier le char demeure la norme. Sous les Ptolomées (4ème siècle avant JC) ça change et la cavalerie employée en masse est couramment utilisée. Les pharaons ont vivement encouragé l'élevage, acheté des étalons en Syrie, créé des haras à Memphis et à Thèbes et même exporté des produits de leurs élevages.
Perse (depuis 600 avant JC)
En Iran le cheval a toujours été d'une importance exceptionnelle dans la religion, la vie, l'art et la guerre. Contrairement à d'autres peuples, les Parthes n'avaient qu'une infanterie très réduite en nombre alors que la cavalerie prédominait. Cyrus (558-528 avant JC) se rendit maître de toute l'Asie occidentale avec sa cavalerie et passait pour le plus grand écuyer de son temps. Il est l'inventeur de la poste et du relais postal.
Grèce (depuis 1200 avant JC)
La Grèce n'est pas un pays de tradition équestre. En fait ce sont les courrants commerciaux avec l'Égypte ainsi que l'influence des arts égyptiens et assyriens qui sont à l'origine de l'importation et de la représentation du cheval en Grèce. Dès le départ le cheval est étroitement mêlé à la religion, à la mythologie et à la légende. Les premières représentations du cheval grec datent de la période mycénienne (1200 avant JC). L'importance de cet animal se situe davantage dans les domaines des arts et des jeux que dans un contexte militaire. En effet les courses de chars et de chevaux suscitent aux Jeux Olympiques un engouement extaordinaire. Cavalier et propriétaire recueillent les avantages matériels mais l'honneur va uniquement au cheval vainqueur, assuré d'une existence choyée jusqu'à sa mort. L'équitation est une sorte de sport élégant et, au moment de l'apogée de cette civilisation où règne le culte de la beauté sous toutes ses formes, les artistes lui réservent une large part de leurs oeuvres. Le goût des Grecs pour l'équitation académique et sportive ainsi que les oeuvres d'art magistales qu'ils ont laissées ne doivent pas faire illusion sur la place réelle du cheval dans leur civilisation. Alexandre le Grand n'avait à sa disposition que 7000 cavaliers pour 40 000 fantassins à la bataille d'Arbèle en 331. En face de lui les Perses employaient environ 80 000 hommes dans la cavalerie. L'usage de la charrerie, dont l'effet était surtout psychologique, avait déjà fortement diminué.
Étrurie. Rome (depuis 1000 avant JC)
Dès le premier millénaire avant JC les Étrusques employaient le cheval pour la culture, les courses et les cérémonies religieuses. Les Romains avaient au plus haut degré le goût des jeux et des paris. Aussi ils organisèrent à partir du 4ème siècle avant JC des courses montées ou attelées et des jeux équestres au Cirque Maxime. Cette passion des courses ne manquait pas de dégénérer de temps en temps mais le penchant des Romains pour l'efficience et la méthode allait rapidement les amener à sélectionner et à spécialiser leurs chevaux. Ils avaient des chevaux de manège, de course, de chasse, ... mais ils n'étaient pas pour autant un peuple de cavaliers comme les Parthes ou les Arabes. Leur cavalerie, peu nombreuse et mal instruite, était régulièrement battue sur les champs de bataille ce qui les amenait à avoir recours à des mercenaires étrangers afin de compenser cette infériorité.
Byzance (700 avant JC)
La pratique du cheval était très répandue à Byzance. L'empereur Constantin utilisait une cavalerie considérable estimée à 150 000 hommes. Cependant il ne s'y trouvait pas d'élevage et les chevaux étaient importés de Bohème et de Moravie. C'est à Byzance que sont apparus la selle et l'étrier ainsi que la ferrure à clous. Les courses de chevaux à Rome avaient décliné et disparu définitivement après la mort de Théodose en 395 mais elles suscitèrent à Byzance un intérêt renouvelé. Sous Justinien (4ème siècle) la rivalité entre "les bleus" et "les verts" avait atteint une telle violence qu'elle a dégénéré en bataille rangée ayant pour conséquence des dizaines de milliers de morts.
Les Arabes (depuis 500 avant JC)
La religion musulmane interdit la représentation d'êtres vivants toutefois il arrive que quelqu'un s'y hasarde. Dans ce cas les figures sont empreintes de trop de gaucherie pour donner une image fidèle de la réalité. Ce n'est donc pas sur des documents arabes mais européens qu'il faut se baser pour connaître les origines du cheval le plus célèbre du monde ancien et moderne. Le cheval a existé en Arabie à l'époque néolithique puis a disparu. L'archéologue Maspero lie sa réapparition à l'invasion des Hyksos venus d'Asie vers 1800 avant JC. L'origine du cheval arabe, tel que nous le connaisons, serait double: aryenne selon Pietrement et mongole selon Sanson. Il est probable que les envahisseurs nomades montaient des chevaux de ces deux races car on en retrouve certains traits chez leurs descendants arabes et barbes. Vers 1700 avant JC, l'invasion Hyksos arrive en Égypte et y apporte le cheval arabe. Celui-ci est présent partout en Afrique y compris au Sahara et en Afrique centrale.
Gaulois (depuis 2000 avant JC) et Germains (depuis 200 avant JC)
En France on a trouvé d'innombrables fossiles de chevaux et les peintures rupestres sont des plus réalistes. Elles permettent d'identifier dès la préhistoire la co-existence de plusieurs races de chevaux. De plus la découverte d'un squelette datant de l'âge de bronze et pourvu d'un mors et d'oeillères et la connaissance par les autochtones celtes de mors aussi perfectionnés que ceux utilisés par les Grecs au 4ème siècle attestent de l'ancienneté des traditions équestres des Gaulois. Leur art multiplie de manière frustre et naïve toutes sortes de représentation du cheval. Dans leur armée l'élément monté et attelé domine. Selon Tacite chez les Germeins "barbares" l'équitation et la guerre sont les fondements de la société. Tour à tour adversaires ou alliés des Romains les Germains formeront au Bas Empire, avec les Gaulois ralliés, le gros de la cavalerie de mercenaires appelée à contenir les invasions du 5ème siècle. Sous Charlemagne l'équitation connaît aussi d'autres applications moins guerrières mais très virilement sportives.
La chevalerie (11ème siècle)
On fait généralement remonter les débuts de la chevalerie à Henry Ier (1008-1060) petit-fils de Hugues Capet. Débordant son cadre initial d'institution militaire et religieuse destinée à combattre l'infidèle, La chevalerie s'est inscrite en Europe comme un phénomène social aux incidences morales, artistiques et culturelles considérables. Le chevalier était le champion d'une éthique à base d'idéal et de loyauté en réaction à l'obscurantisme et à la brutalité des temps. Le cheval d'armes ou "dextrier" conduit par le page de la main droite devait être ménagé. Ce n'était qu'au moment de la charge que le chevalier le montait. Pour la première fois dans l'histoire la tactique a changé, la cavalerie est devenue une arme de choc. Malgré de nombreux insuccès la charge est restée la règle jusqu'au 16ème siècle car elle faisait partie d'un état d'esprit profondément ancré chez le chevalier. Pour la parade, les cérémonies, la chasse, le chevalier montait un "palefroi", cheval plus souple et plus léger. Les dames, quant à elles, montaient la "haquenée" souvent d'origine orientale ou andalouse et de robe blanche. Pour le voyage on employait le "roussin" près de terre et résistant. Et enfin on trouvait le "sommier" tout en bas de la hiérarchie équine et destiné aux plus humbles besognes: bât, trait, culture, ... En temps de paix, le chevalier assouvissait les tendances de son tempérament belliqueux par des joutes et des tournois où les accidents suivi de mort d'homme étaient fréquents. Le cheval n'était que l'instrument de ces jeux. Ils se sont répandus en Europe sous le nom de "jeux français" et sont le prélude à une équitation plus raffinée et plus savante. En effet au moyen âge et ce jusqu'au 16ème siècle, l'équitation et le dressage proprement dit étaient en régression totale par rapport à ce qu'avaient connu les Parthes et le Grecs et d'une rare brutalité. C'est sur cette toile de fond primitive que vont apparaître en Italie dans la deuxième moitié du 16ème siècle les écoles de Naples et de Ferrare. Celles-ci marqueront la Renaissance et annonceront l'âge d'or de l'équitation en Europe.